Tandem
Le bal de la rose
Le bal de la rose n’est pas qu’une simple exposition photographique. C’est tout d’abord une rencontre entre deux artistes : Frédéric Pasquini et Magali Revest.
Deux univers, deux regards, l’un graphique et l’autre photographique, cette proposition d’exposition favorise la mise en perspective des médiums dans une installation scénographique inédite. Elle nous fait partager et découvrir un moment de vie de ces artisans de la rose dans la vallée de Kazanlak…
Elle se nomme « La rose de Damas » (Damascena), elle embaume par son parfum et à des propriétés exceptionnelles, elle est arrivée sur ce territoire au XVIIIe siècle par l’intermédiaire des Turques. L’huile essentielle obtenue après distillation est si raffinée qu’elle est devenue depuis deux cent ans l’emblème national du pays. Pour faire un kilo d’huile de roses, il faut distiller environ 4 tonnes de fleurs. La Rose de Damas s’arrache à prix d’or soit 7000 euros le kilo…
Au moment de la cueillette, le folklore bulgare donne lieu à des mises en scènes « artificielles » où les touristes sont reçus par des bulgares en costume traditionnel. Le folklore touristique s’invite, alors dans ce champ de roses. A la demande des organisateurs de voyages, la durée des festivités s’est rallongée de quelques jours et se tient désormais du 24 mai au 10 juin.
Pourtant, Frédéric choisit de montrer la cueillette par les Roms de cette rose d’exception.
Pour notre regard novice, il s’agit d’un autre folklore : celle d’une communauté Roms très présente en Bulgarie, pauvre et vivant dans des bidons-ville.
Les Tziganes ont encore aujourd’hui des difficultés à se faire reconnaître au sein de la société, pourtant, la cueillette de la rose raconte aussi leur histoire. La population Tziganes compte 600 000 individus en Bulgarie. Ce sont ceux à qui on réserve les salaires les plus bas et les travaux les plus dégradants.
Prêts à sacrifier certaines de leurs « roses », les Tziganes foulent aujourd’hui cette terre pour nourrir leurs familles. Ce bal d’ouvriers joyeux ramasseurs de rose est là pour nous rappeler que l’essentielle de l’humanité est dans la beauté d’un savoir-faire et non la spéculation galopante de quelques-uns qui déconsidèrent le travail des artisans de la terre.
Le titre de l’exposition Le bal de la rose renforce l’engagement des deux artistes qui par leur collaboration souhaite ouvrir aux regards l’arrière du décor de l’industrie du parfum, chasse gardée des plus grands parfumeurs du monde.
Paradoxe de l’histoire, cette vallée est un fief révolutionnaire dans l’histoire Bulgare. De nombreux habitants ont longtemps résisté contre l’occupant Ottoman…